Michel Onfray parle de Michel Houellebecq

 
« Michel Houellebecq a diagnostiqué l'effondrement spirituel de notre époque » Michel Onfray

D’abord Extension du domaine de la lutte que Michel Onfray avait aimé parce qu’il l’avait trouvé « vif et bref, rapide et percutant. » Il a fallu Soumission pour qu’il retrouve ce rythme rapide qui lui avait tant plu.

Sur le fond, il pensait qu’analyser le nihilisme, c’était pour Houellebecq consentir. Mais « c’était une erreur, » avoue-t-il, la souffrance aussi de Houellebecq d’être amené à cet amer constat. « Le savoir, dit-il, ce qui est son cas, car il est d'une redoutable lucidité, c'est affronter les plus grands tourments. »

Avec son style fleuri, Onfray écrit que Houellebecq, « enregistre comme un sismographe toutes les secousses en rapport avec la tectonique des plaques "civilisationnelles" » : marchandisation du domaine social, des corps aux âmes, de l’art contaminé par les snobs et le fric, l’argent-roi, l’abaissement de la France ou ce qu’il appelle dans Soumission « la collaboration des élites avec les idéologies liberticides » … plus grave encore, «  l’engagement sans retour de nos civilisations occidentales vers le projet transhumaniste. »

            
Une France qui ne serait plus bleu, blanc, rouge mais multicolore aux teintes innombrables d’arc-en-ciel. Michel Houellebecq note méthodiquement avec son sismographe toutes les dérives de notre civilisation et, conclut Michel Onfray, « c'est en cela qu'il est le grand romancier du nihilisme occidental. »

Michel Houellebecq se réfère aussi à Auguste Comte, ce qui peut surprendre, mais ce qui l’intéresse c’est ce qu’il dit de la place de la religion dans la société, le lien difficile à saisir entre le sacré et le social. Le positivisme pose d’abord la question d’une théologie sociale et laïque se substituant à la théologie déiste. C’est ici qu’on rejoint la pensée de Michel Houellebecq qui déplore un monde actuel sans projet ni transcendance. D’où son désespoir devant un monde livré aux sirènes d’une pure immanence. Voilà pourquoi Auguste Comte lui parle.

       

 « Houellebecq éducateur » dit Onfray ; difficile à concilier avec le côté nihiliste qu’il voit en lui. Réduire cette contradiction, c’est au-delà de l’optimisme er du pessimisme, développer un enseignement basé sur la nature tragique du monde, ce tragique qui est fait d’un savant mélange de pire et de meilleur. Houellebecq s’intéresse aussi bien au pire qu’au meilleur qu’il a paradoxalement puisé dans Schopenhauer qui voit le salut du monde dans la pitié et la contemplation esthétique, lui qui a aussi écrit un Art d'être heureux.

   
Au-delà des polémiques sur l’Islam qui ont marqué la publication de Soumission, son livre pose le constat de la perte de sens dans notre civilisation occidentale.Christianisme et totalitarisme ont été remplacé par la religion du marché et à l'Islam conquérant.

Soumission est également un livre sur la perte de sens dans la civilisation occidentale.
D’abord, il faut constater qu’aucune civilisation ne s’est bâtie sur l'athéisme ou le matérialisme car « on ne lie pas les hommes sans le secours du sacré. » Une civilisation n’est rien sans une spiritualité qui la soutient, émanant elle-même d’une religion. 
Une liaison avec le sacré, le l’ordre de la transcendance. Seulement voilà, elle n’a plus vraiment droit de cité dans notre civilisation.


                

* Voir aussi mon site sur Michel Onfray --

Christian Broussas – Onfray/Houellebecq - 17/11/2017  © cjb ©  >